Pistes cyclables, covoiturages, voitures partagées, vélo électriques, développement du réseau de transport en commun, transport du bois par ballon dirigeable ou encore repenser villes et villages à l’échelle de la marche…Coté mobilité, la transition est va d’un bon pied !
« Entre la prise de conscience et les actions concrètes il y a beaucoup d’écart ! » C’est par ce constat sans appel que Maurice Weiss, Vice-Président en charge des routes, des mobilités, du numérique et du soutien aux territoires ouvrait les rencontres sur la thématique des Mobilités intelligentes, mardi 25 septembre, lors de la seconde journée de la semaine de transition. Et de poursuivre : « Aléas météo, évolutions du climat, bio-diversité menacée, nous ne pouvons plus attendre, nous devons agir pour atteindre les objectifs énoncés par les accords Paris sur le climat. ». Rappelant que la démarche devait être partagée par un plus grand nombre et toucher tous les secteurs, tous les acteurs des intercommunalités aux associations en passant par les entreprises et les habitants.
En termes de mobilité et de transports (même si aujourd’hui le département n’a plus cette compétence), des réflexions et des actions concrètes sont déjà engagées au niveau du réseau routier : moins d’enrobé à chaud au profit d’un matériau basse température, un fauchage raisonné, des efforts sur le traitement des chaussées en hiver : pouzzolane plutôt que sel.
Sur les déplacements en général, des études ont été lancées, une sur les besoins des ardéchois en fonction des contraintes géographiques, d’une majorité de déplacement en voiture, des emplois situés en milieu urbain, des difficultés d’accès aux études supérieures, d’un territoire qui attire 2 millions de touristes sur ses routes, etc . ; la seconde pour une révision du Schéma départemental Vélo. Après un soutien aux communes pour la création de voies vertes; aujourd’hui les efforts en piste cyclables seront portés à l’intérieur des villes pour les usages quotidiens.
Laetitia Serre, présidente de la communauté d’agglomération Privas Centre Ardèche a ensuite listé les efforts conduits à travers le plan mobilité dans le but de répondre au mieux à l’ensemble des besoins de déplacement des habitants des 42 communes que compte la CAPCA.
Le Plan mobilité trouve son application à la fois au niveau du transport collectif avec l’ouverture des transports scolaires aux usagers, la mise en place d’un réseau urbain de 4 lignes qui fonctionnent 6 jours par semaine, la création de transport à la demande plus l’investissement dans les outils modernes pour une billettique intelligente (application portable, carte sans contact, etc).
Le territoire de la CAPCA s’est également doté de trois voies douces pour les loisirs mais aussi pour les déplacements quotidiens. Toujours dans le cadre des modes de déplacements alternatifs une étude est en cours pour un circuit vélo Privas / le Pouzin.
Rappelons que dans le cadre de la politique de transports, une partie des financements proviennent de taxe « entreprise de + de 11 salariés ».
Laetitia Serre a tenu à souligner que la transition ne pouvait s’inscrire que dans une idée de transversalité, dans un projet de service qui fait partie du quotidien.
Construction des bâtiments, produits bios et couches biodégradable dans les crèches, logements en partenariat avec rénofuté, la mise en réseau avec les entreprises du territoire pour l’emploi de demain.
Compétence obligatoires, au début déléguée au départ, maintenant service.
La CAPCA a aussi choisi d’accompagner les communes à travers un appel à projet pour la mise aux normes des arrêts bus, la fibre à la maison, la mise en place de location de vélos électriques, de box à vélo, des bus spéciaux pour aller au théâtre (économie, lien social, accès à la culture pour tous). La CAPCA entend bien faire que son périmètre soit un territoire à énergie positive !
Les 3 grands témoins du jour ont ensuite pris la parole sur des thématiques imagées.
Loïc Cedelle, ingénieur CITEC, est spécialisé des nouvelles mobilités et travaille sur « comment organiser le transport avec une bonne qualité de vie et une bonne attractivité des territoires ». Rappelant que « aller plus vite ça ne voulait plus dire gagner du temps mais seulement, aller plus loin ! Et c’est certainement sur ce paramètre qu’il faut travailler : pourquoi toujours devoir aller plus loin ? Si on réimplantait des « graines de ville », si l’accès aux services redevenait possible seulement en marchant ?
Au fil des décennies, les territoires se sont adaptés à la manière dont les gens se déplacent : en voiture, repoussant toujours plus loin, pour des questions de parking, les services ou graines de ville.
« Aujourd’hui, est ce que ça vaut le coup d’aller plus loin : la question du coût est centrale !
L’usager ne sait pas évaluer le coût réel de ses déplacements – quand la voiture coûte 0,89 € (pollution : 1/3 des micros plastique présents dans l’océan proviennent des pneus, carburant , etc) le vélo rapporte 0,26 € (effet bénéfiques pour la santé). »
Les effets positifs des mobilités actives par opposition aux mobilités passives n’est plus à faire. Retournons à des villes cohérentes du point de vue de l’échelle de la marche !
Pour Romain Schalk, de l’entreprise Flying Wales, une des solutions pourrait venir des airs, via l’usage de ballons dirigeables !
Des régions entières dans le monde sont inaccessibles ou presque faute d’un réseau de transports efficient. Que ce soit par manque d’infrastructures (site trop reculé) ou en raison d’un réseau endommagé (catastrophes naturelles) mais présentant une richesse exploitable.
« Là où rien ne peut accéder, le ballon dirigeable passe. Par exemple pour aller chercher du bois ( la France a la 3eme + grande forêt d’Europe), l’objet de notre première étude » explique Romain Schalck.
L’ONF et de nombreux autres partenaires s’intéressent au projet : le dirigeable peut transporter jusqu’à 60 tonnes (beaucoup plus qu’un hélicoptère avec une consommation 10 à 15 fois moindre). Cette solution pourrait permettre d’augmenter le prélèvement de bois sans mettre en péril les réseaux d’accès, idem pour le transport des éoliennes ou de pilonnes électriques.
Les applications sont multiples et novatrices…Imaginez tout ce qu’un dirigeable pourrait transporter, de la zone d’exploitation à la zone de livraison, sans impact au sol…
Fabien Jouvet de l’entreprise Skipper, « Plus rien ne sera comme avant !
Nous entrons dans la 4e révolution industrielle. La science apporte un bouleversement fondamental et après le phénomène de concentration et sa cohorte de dégâts écologiques nous devrons aller vers une déconcentration massive, source d’opportunité. » Demain ? La mobilité devra être différente : mobilité des marchandises, des personnes et de l’information.
Le projet fibre va dans cette direction « Comment sera mon métier dans 25 ans ? Je ne sais pas, mais je suis certain que les solutions de demain ne sont pas celles d’y a 100 ans ! ».
Et de prôner l’optimisation des déplacements, d’encourager à trouver d’autres alternatives adaptés aux territoires de l’Ardèche.
« Les entreprises devront s’adapter au télé travail, à la télé présence-robot, à l’hologramme… »
Table ronde
Pour tous, les enjeux sont collectifs mais il faut rester au plus près des usagers et aller vers une innovation systémique adaptée et respectueuse de l’environnement.
L’intermodalité, plutôt sur des bases classiques –vélo, transport en commun- covoiturage- avec pourquoi pas le fluvial, voire le dirigeable (exploitation forestière) !
Et face à l’explosion de la demande de transport, savoir imposer des restrictions ou des obligations (camions).
Pour Yann Bacconnier, Directeur des Routes et des mobilités au Département la route reste ce qu’il y a de plus fin en termes de maillage, « mais elle n’est pas financée par ceux qui l’usent le plus ! ».
Le représentant de l’ADEME met en avant le Plan vélo lancé il y a peu par l’État. Vocation de vélo, mise à disposition par les entreprises, le vélo à assistance électrique est pour beaucoup la solution à développer. Petit rappel à l’ordre dans le public (représentant de la FRAPNA) : « attention aux à ne pas construire une économie qui déprend du lithium... Il faut réfléchir au « comment », sans effets collatéraux négatifs ».
Toujours dans le public : « remettre le bon sens au goût du jour ! Tout le monde est ok pour le vélo mais on continue à refaire des routes sans pistes cyclables ! « Pas d’extension de route sans piste cyclable !
Nous arriverons à changer les choses sur une somme de détails appliquée à la globalité des questions de mobilité, il n’y a pas de solution miracle mais une intelligence de détail comme « tous les bus équipés de porte vélos ! »