Lundi 24 septembre - La transition énergétique

Consommer mieux, consommer moins, appliquer ces principes de sobriété dans tous les domaines … autant de sujets de réflexion qui seront au cœur des débats programmés durant la semaine de la Transition du 25 au 28 septembre. Cette  ‘’première’’ semaine organisée à l’initiative du Département de l’Ardèche, s’est ouverte ce lundi matin à l’hôtel du département à Privas. Salle comble pour le lancement de ce grand remue-méninges collectif : élus, grands témoins, partenaires sociaux, chefs d’entreprises, responsables d’associations vont, 5 jours durant débattre autour de six thématiques essentielles pour notre département : la transition énergétique, les mobilités intelligentes, l’investissement social, la télémédecine, la transition hydrique et la transition agricole et sylvicole.  

Résumé de la journée - Transition énérgétique

 

« Nous ne sommes pas là juste pour discuter… » annonçait en ouverture Laurent Ughetto,  Président du Département avant de poursuivre « mais pour poser les ambitions de notre territoire. Le réchauffement climatique, nous en sommes tous responsables et chacun doit s’en préoccuper à son échelle… Je crois profondément à notre intelligence collective. Définissons ensemble des pistes d’orientations pour agir. »

Et de donner comme exemple le développement de la fibre qui, tout en permettant de travailler autrement - télétravail- contribuera à décarboner… mais seulement si des lieux partagés sont mis en place, si les entreprises, les collectivités, les citoyens adhèrent à ces nouvelles pratiques et acceptent de bousculer leurs habitudes… Si tout le monde s’implique, alors au final cela voudra dire moins de bâtiments à entretenir, moins de voitures qui circulent...moins d’émission de gaz à effet de serre.

Des propos partagés par Philippe Court, préfet de l’Ardèche, invité à cette première journée qui a rappelé que l’Ardèche n’est pas seulement rurale mais aussi industrielle et que les entreprises doivent être parmi les premiers acteurs dans cette transition. « Écologie et économie peuvent avancer d’un même pas sans laisser de côté la transition sociale. Je me réjouis que le Département se porte candidat à la signature d’un contrat de transition écologique (CTE) et sa règle de trois : 3 mois de démarches, 3 ans d’actions et 30 ans d’effets positifs ! »

A l’issue de ce double discours d’ouverture, la transition est entrée en marche !

Sortir des cadres pour agir, identifier les forces vives de ce Département, trouver les appuis, activer les leviers…les réflexions pour répondre aux accords de Paris en termes d’économie d’énergie et de production d’énergie renouvelable ont pris forme à travers l’intervention de deux « grands témoins », suivie d’une table ronde avant les deux ateliers programmés l’après-midi.

Jean Louis Bal – président du Syndicat des énergies renouvelable (SER), premier « grand témoin », explique qu’en matière de transition il y a celle que l’on décide et celle que l’on subit, mais que dans les deux cas il faut anticiper pour qu’elle soit source de renouvellement, qu’elle ouvre de nouvelles pistes économiques. 

« En donnant un coût aux émissions de C02 (contribution climat) nous ferons évoluer les comportements et surtout, les énergies renouvelables deviendront compétitives » Et d’insister sur l’obligation de décarboner nos productions  par le développement du bois à chaleur, des énergies renouvelable électriques ( 52 € le mégawatts provenant du photovoltaïque pour + de 100 € celui provenant du nucléaire) ou encore du bio carburant et plus spécialement des carburants de seconde génération, qui contrairement au premier n’utilisent pas de ressources alimentaires.

« Au niveau territoriale : Il faut anticiper les besoins en formations et compétences et accompagner les porteurs de projets. »

Frédéric Dohet, est le délégué régional de RTE, réseau de transport d’électricité  (100 000 km en France). Ce réseau permet d’alimenter et de redistribuer en fonction de la production d’électricité de chaque territoire. Aujourd’hui, une réflexion est engagée en prévision de la fermeture des centrales charbon et nucléaires sans mettre en danger la sécurité d’approvisionnement. Second « grand témoin », Frédéric Dohet a fait partager les différents scénarios - Ampère, Hertz, Volt, Watt - qui pouvaient être envisagés en termes d’auto production et d’électromobilité.

« La production des énergies en Ardèche (dans le cadre de la PPE, programmations pluriannuelles de l’énergie) est encore à développer en matière du photovoltaïque et de l’éolien (même si le parc éolien ardéchois est le premier au niveau Rhone-Alpes). Elle sera corrélée à la capacité de ce département à accueillir de nouvelles productions renouvelables. »

A l’issue de cette intervention s’est ouverte une « table ronde ».

Les débats se sont articulés autour du triple défi à relever : produire de l’énergie renouvelable, consommer différemment et consommer mieux et surtout, comment faire pour que cette transition s’accompagne réellement d’un développement économie locale essentiellement à travers les nouveaux métiers.

L’Agence régionale de l’environnement et de l’énergie (AURA-EE), la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, le syndicat départemental des énergies (SDE) de l’Ardèche, Rénofuté et Annonay Rhône Agglo intervenaient.

Aujourd’hui les signes du réchauffement climatique sont incontestables : +1,8° en moyenne en 50 ans, le nombre de jours estivaux (+de 25°) en augmentation, une diminution du nombre de jour avec gel, avec un impact important sur la ressource en eau, préjudiciable pour l’agriculture et la production des centrales hydroélectriques ; un impact sur les espaces et les espèces, sur les sols et infrastructures, le logement, l’activité humaine telle le tourisme…

Et même si la France est plutôt bon élève avec une diminution des émissions à effet de serre d’environ 24% (en partie due à la crise mais pas seulement…), à grande échelle nous n’avons pas vraiment démontré notre capacité à réduire la consommation : l’Europe repart à la hausse des GES depuis 2016 !

Ainsi 60 % des dépenses énergétiques sont destinées à la production de chaleur - seulement 1/3 produit en local, à développer donc, surtout avec le bois, dont la ressource est importante ( mise en garde sur le tout bois-énergie : particules fines) A noter qu’un quart des énergies dépensées le sont pour le volet mobilité.

Synthèse:

Pour arriver à une plus grande sobriété énergétique, il semble essentiel d’accompagner les propriétaires, les artisans, les entreprises et les collectivités sur le volet de la rénovation énergétique. Il faut aussi sensibiliser à l’utilisation des énergies renouvelables (préparer la substitution nucléaire).

La transition énergétique ne peut  être conduite que dans un souci de transversalité et donc dans tous les domaines, se loger, travailler, consommer, se déplacer.

Mobiliser et organiser les territoires avec les producteurs et les consommateurs. Identifier les initiatives, les accompagner, les intégrer dans les prospectives.

Quelques pistes ?

Investir les toits avec du photovoltaïque : gros gisement du côté des bâtiments.

Comment mobiliser ces surfaces? Louer les toitures ? Entrer dans un champ de valorisations économique et développer cette culture. Aujourd’hui, le frein semble plus culturel que juridiques ou économique.

Le Département de l’Ardèche s’est engagé à louer ses toits et à être un relais en direction des industries pour travailler à ces questions.

Les centrales villageoises ou quand les habitants, les entreprises et les collectivités décident de mutualiser leurs moyens (techniques et financiers) pour produire des énergies renouvelables.

Au niveau de la ressource bois : mobiliser les propriétaires contre l’émiettement des parcelles, aller chercher une ressource disponible sans porter atteinte à l’environnement (P.Terrasse et J.P Manifacier ont rappelé combien la politique biomasse (Centrale Gardanne biomasse) ont un impact considérable sur notre département).

Utiliser les mauvais bois pour l’énergie et ensuite faire de la place au bois noble, mais seulement en circuit court.

Éduquer à la sobriété, faire monter les consciences : Je mobilise l’énergie au bon moment, au bon endroit. La notion de l’usage doit être au cœur des stratégies…

Comme le bon sens : remplir les véhicules avec plusieurs passagers, mettre un pull… une vraie forme d’intelligence. Car tout le monde est d’accord : la meilleur des énergies est celle que l’on ne consomme pas !

Portons nos efforts en ce sens.